De l'Atlantide, tu ne gardes certainement qu'un souvenir brumeux pénible à se remémorer alors qu'il te plonge souvent dans la mélancolie ou la rage. Pour bon nombre d'entre nous, l'Atlantide est de trop douloureuse mémoire pour que nous jouissions de sa réminiscence. Par contre. la richesse de nos incarnations depuis la chute est propice à de longues introspections parfois incontrôlables.

Notre mémoire indissociable de notre être magique est ainsi à l'image d'un lourd grimoire que nous prenons plaisir à consulter. Il suffit parfois de croiser un visage étrangement familier pour repenser à un compagnon depuis longtemps disparu pour se retrouver en esprit dans une autre ruelle d'un autre âge, enivré d'autres odeurs, sons et couleurs. De même, comment ne pas se laisser aller au souvenir lorsque l'on croise au hasard d'une promenade un tableau dont on fut le patient modèle quelques centaines d'années auparavant ? Ou alors, que dire de celui qui aperçoit Montségur au détour d'un virage alors qu'il y périt au milieu de ses compagnons lors de la tristement célèbre croisade albigeoise ?

Notre passé est ainsi trop riche pour que nous en fassions table rase. Quelque soit ta personnalité, tu ne peux le renier. Tu peux t'abandonner parfois à revivre mélancoliquement quelque scène regrettée, à moins que retrouver la trace des héritiers de ceux qui t'ont jadis abattu t'emplisse d'une rage difficile à contenir, quand ce ne sont pas les larmes qui te viennent aux yeux à l'évocation d'un être cher dont tu contemples la sépulture depuis longtemps rongée par le temps et la pollution des villes.

Prends garde pourtant car ces introspections peuvent littéralement te posséder et te faire oublier jusqu'à la totalité de ton environnement actuel. Sans vouloir t'alarmer inutilement, il en est parmi nous qui affirment que certains membres de sociétés secrètes au fait de notre psychologie peuvent se servir de cet aspect pour nous troubler et mieux nous abattre.