[Humeur] Les Gens

[Amilcar]

Dimanche 10 avril 2005, 17h, après une activité sportive je m'en vais au Truffaut de mon bled acquérir des produits poissoneux.



Pas fan d'encourager l'ouverture des Grandes et Moyennes Surfaces le dimanche, je n'en suis pas à une contradiction prêt ; et m'y rends donc, les excuses de ne pas attendre le lundi toutes trouvées pour ma bonne conscience.



Temps changeant au gré des éclaircies - globalement beau, je m'attends à trouver rayons et caisses vides.



Erreur.

Je suis en fait sur les Champs Elysées du dit bled, je me rends précisément sur le lieu huppé qui tel corniche de Bénodet ou rue Kéréon un samedi attirent Les Gens qui tiennent tant aux balades convenues et peuplées.

Les Gens sont là.

Ils flanent dans les rayons et j'ai beau traverser, zigzaguer au pas de course la surface de vente, la plèbe est toujours là, plus nombreuse, endimanchée et peu pressée.



Ben voui.

Les Gens se baladent.

Les autres regardent la télé.

Quelques égarés sont perdus en campagne / à la mer.



Les Gens se baladent, éduquent la jeune génération à consommer, à profiter d'un dimanche naguère stérile à supporter la famille, aujourd'hui valorisé par l'ouverture des supermarchés. Car c'est "super" qu'il faut retenir.

Fini les feuilles mortes qui salissent les tapis de l'Opel, fini la pluie qui humidifie le velour des sièges, aujourd'hui Les Gens évoluent en terre promise, néons, spots, carrelage et moquette. Les Gens restent propre.



La société, qui a su valoriser les soirées grâce à l'essentiel vecteur publicitaire - la télé - , optimise encore mieux le dimanche.

Les Gens sont là, et leur attention est toujours mieux canalisée, toujours mieux captée. Plus simple de les attirer sur un seul lieu commun que d'occuper les mers et forêts d'espaces publicitaires incertains.



A Décat', à Truffaud, il y a tout ce qu'il faut. Même le dimanche.

Les Gens sont là, ils se reproduisent, ils grouillent sous les spots, occupent le temps. Et ils nombreux.



Mais bon c'est pas grâve, ce soir y'a capital ou Fogiel.



Si l'on se pose la question du but, du rôle (?) de l'humain - de l'humanité, sur Terre, chacun se fendra d'une - sa - réponse. Existentielle, Terre à Terre, embrumée ou claire, chacun aura son interprétation de l'Existence.



Si l'on que pose la question "à quoi servent Les Gens, quel est leur but, que font ils vraiment ?", la réponse me semble malheureusement unique.



Rien.

[Yannthered]

Je sens comme une pointe d'agacement dans ce que tu écris . J'ai ressenti , moi aussi , un malaise désagréable samedi après-midi à la FNAC St Lazare : une foule déterminée , menacante , avançait en masse dans les travées scannant les options des mobiles , soupesant les rapports qualités / prix des écrans plats , les guichets billeteries concerts spectacles étaient littéralement pris d'assaut mais dans le calme serein d'une démocratie fière d'elle même . Bon en même temps , tu ne peux pas leur repprocher de faire ce qu'on leur a appris à faire ( voir enfoncer dans le crâne ) .

Je me rappelle un article du Monde Diplo datant de deux ou trois ans sur la multiplication des surfaces marchandes en Europe ; alors plus ou moins en conclusion cela donnait : " ...le dernier et seul projet d'envergure de l'Europe est la création et l'ouverture de centre commerciaux . " terrifiant . Comme dans les films de Romero , tels des zombies , nous erront entre les yaourts en promo , les futales dégriffés , une calculette à la place du cerveau .

Cela étant dit , je ne suis pas d'accord avec toi sur le sujet : les gens .

Les gens c'est compacte , indifférencié , le problème étant que tu ne peux pas être à la fois un élément de l'ensemble , tout en regardant l'ensemble du même tenant ( j'espère que tu me suis ) : on trouvera toujours quelqu'un qui considerera que tu es plus gens que lui d'ailleurs .

Pour finir , et illustrer cette belle leçon pontifiante comme j'ai le secret , ces quelques vers d'un auteur à succès du XXème siècle : "



Oh la la la vie en rose

Le rose qu'on nous propose

D' avoir des quantités d'choses

Qui donnent envie d'autres choses



Foule sentimentale

On a soif d'idéal

Attirée par les étoiles , les voiles

Que des choses pas commerciales

Foule sentimentale

Il faut voire comme on nous parle

Nous parle ..."



Celui qui trouve l'auteur , je lui paye un brownie .

[Rico the Hobbit]

Il est toujours difficile de décrire la notion de « GENS » : les GENS sont cons, les GENS sont bêtes, les GENS n'ont pas de cerveau, les GENS vont tous faire leurs courses le samedi, etc.

Combien de fois, on se retrouve dans une foule compacte et anonyme et l'on ressent une frustration d?être parmi tous ces GENS. Mais qu'est-ce qui nous distingue du voisin ? Simplement le regard car lui, il ne nous connaît pas et nous catalogue dans le nombre, dans ces GENS.

Si le Ouest-France ou le Télégramme (chacun fait son choix) avait fait un article sur un gromanche à Truf, Amilcar aurait-il été catalogué comme une personne isolée culpabilisant de venir le gromanche chez Truf ou mis simplement dans la catégorie des "GENS". Personnellement, je penche pour la deuxième catégorie.

Comme les "GENS", Amilcar est allé chez Truf au lieu de regarder un bon film à la télé ou de sortir au bord de la mer, est-ce un mal ? A chacun de se faire son opinion, de choisir sa vie et ses loisirs, on ne peut porter de jugement là-dessus sauf si l'on considère les vendeurs de Truffaut qui auraient sans doute préféré passer leur dimanche devant la télé, en famille ou au bord de la mer mais certains GENS travaillent hélas le dimanche et c'est ça qui est regrettable.



« J'suis mal en homme dur

Et mal en p'tit c?ur

Peut-être un p'tit peu trop rêveur



Allô Maman bobo

Maman comment tu m'as fait j'suis pas beau

Allô Maman bobo

Allô Maman bobo »

[Yannthered]

Avec des pépites de chocolats , ton brownie , Rico ?

[Vazkor]

Ricozobite, tu m'a grillé

Je souhaitais proposer «A.S.» comme le Dragon ou encore Alain Shanfort ou Sharles Aznavour, Sharles Hubert, voire Aurélie Sharmet (mais qui est-ce?) Mais non c'est pas comme ça que ça s'écrit.

Salvatore Adamo peut être...



J'aurais bien voulu du brownie, ça m'aurait fait une excuse pour aller à Paname, mais comme j'en ai mangé un ce midi, ça ira



Vu la tournure que ça prend, Rico_the_hobbit, pourrais-tu déplacer ce topic dans musique?

[Amilcar]

Bon bien sûr, cela peut paraître condescendant de juger ainsi Les Gens, mais à rester dans les bons sentiments et le prudent recul on finit par tout accepter ; cela devient à terme de l'indifférence placée sous couvert de la raison.



J'assume totalement que Ces Gens me gènent, que la pauvreté de leur curiosité m'interpelle ; et que leur hypocrisie en terme de repli sur soi me surprendra toujours.

On l'aura compris, je n'aime pas Ces Gens.



Cela n'empêche pas de vivre avec eux, de les écouter et de partager.



Mais bon je sais, ça fait prétentieux-intello-donneur-de-leçon-grosse-tête de manifester ses regrets et aspirations à ce qu'une partie de la population évolue.

Tant pis.

[Asquin]

bienvenue dans le groupe, Amilcar. Moi non plus je n'aime pas les gens. Suis je un intello donneur de lecon? peut etre.

Mais je ne les juge pas je ne les aime pas, c'est tout; jusqu'au jour ou je les connais et , des fois, il cesse d'etre des gens pour devenir des personnes et des fois des amis. alors je préfère aimer des amis, qu'aimer des gens!

[Amilcar]

Ma soirée chez Les Gens



Ces Gens habiteraient une petite ville de province. 7000 habitants.

Leur habitat se constituerait d'un immeuble récent. 10 ans. Ensemble situé près de l'Eglise, centre ville.

Ils seraient au deuxième. Vue sur les arbres, une place.

La soirée se ferait à l'occasion des vacances prochaines pour un service commun.

Sangria à tout va. "la sangria, ça se boit frais" s'entendrait en cours de soirée.

Entrée. La sympathie s'exprimerait, et l'entrée pourrait se poursuivre.

Le couloir d'entrée - court - ferait place à un séjour blanc, clair.

Placés sous l'égide du paraître, chaque bibelot, chaque meuble, objet ou visuel serait placé précisément, sans hasard aucun.

La table du salon, la table d'apéro, sur lesquels trôneraient tantôt un faux bouquet de rose, tantôt une deux chevaux échelle 1/10, céderaient vite place à un meuble dédié à la télévision.

Meuble dédié à la télévision. Un grand meuble confo ou but encadrant la télévision, permettant d'exposer ses petites fiertés.

A l'entrée, une femme compatissante proposerait "c'est vrai que tu as beaucoup de dvd". Répondu "Oui, on en a vraiment trop, oh lala..."

Ces gens seraient de l'époque un-peu-musique-de-Drucker-beaucoup-de-dvd.

Plétore de dvd trônerait, bien rangée, sur les côtés du meuble.

On y verrait les bronzés, le coffret collector d'Indiana Jones, toute la série friends, le collector de Retour vers le futur. Au milieu, exposé, la boîte-tout-métal de Rambo éclairerait de sa superbe un ensemble convenu et fort commun. La collection d'un gars une fille serait sûrement proche, 10 cm derrière Star wars.

Les bibelots disparaîtraient pour faire place nette aux invités ; et parmi les bibelots déplacés - protégés de mains impies -, les invités n'échapperaient pas aux statuettes injectées, qui tels les nègres d'antant, savent propager le mauvais goût et le colonialisme.

Là, la playstation 2 distillerait une musique inodore, sans âme, sans teneur sans saveur. Un Dido sans doute.

Les paroles s'échangeraient... La manne humaine lâchée, on capterait quelques philosophies de comptoir, croustillantes, jouissives car évoquées sans retenue, franchement.

Après l'évocation d'une voiture volée, un gardien de la paix - l'hôte accesssoirement - nous révélerait "Elle est déja en Afrique". Il y a des vérités à dire. Vérité qui serait aquiescée.

La soirée se poursuivrait, lieux communs, sympathiques échanges inoffensifs et diplomates permettant à la soirée de se poursuivre. La météo serait inévitablement évoqué. Les hirondelles volent bas...

la musique changerait. S'entendrait "Ce sont les enfoirés ?". Se répondrait "oui, celui de cette année,... Ou 2004... Je sais plus...".

Les qualités de construction de l'immeuble s'évoqueraient, dénigrées car locatives, aquiescements des voisins.

Sangria bue, paroles échangées, intérieure exposée, paraître porté aux nues pour un être sans cesse oublié, les invités pourraient remercier les hôtes, pour s'éclipser.

Se serait une soirée comme les autres.

un soirée chez Les Gens.

Des Gens comme les Autres.